Les outils sylvoclimatiques

Outil sylvoclimatique est une expression dérivée de la notion de service climatique, qui désigne « l’ensemble des informations ou prestations qui permettent d'évaluer et de qualifier le climat passé, présent ou futur, d'apprécier la vulnérabilité des activités économiques, de l'environnement et de la société au changement climatique, et de fournir des éléments pour entreprendre des mesures d'adaptation ou d'atténuation »1. Un outil sylvoclimatique applique cette notion aux questions sylvicoles.

 Tiré des propos de Myriam Legay, directrice d’AgroParisTech

L'outil sylvoclimatique a  pour objectif d’aider le forestier dans la gestion des peuplements tout en prenant en compte l’évolution du climat. Il permet de faire le lien entre le climat et la gestion forestière, et de sortir du paradigme de climat constant qui fut fréquemment utilisé dans le domaine forestier.

Le changement climatique entraîne la nécessité d’un diagnostic prenant explicitement en compte le climat, les  erreurs de choix de gestion étant plus probables qu’auparavant. Cette  évolution du diagnostic permettrait de plus de valoriser la diversité des stations, en préconisant les meilleures solutions. Un outil sylvoclimatique peut notamment s’appuyer sur les avancées technologiques, et les outils, pris dans leur ensemble, ont l’ambition d’intégrer le flux constant des nouvelles connaissances.

C’est un outil pratique permettant d’établir un diagnostic des risques potentiels ou de l’évolution des contraintes environnementales en proposant des simulations pour aider les gestionnaires et propriétaires. Ils permettent d’appuyer la prise de décision dans un contexte de climat changeant.

Le terme d’outil rappelle l’existence d’un opérateur, qui le manie dans le cadre d’une stratégie, afin de répondre à un projet déterminé ; un outil est donc tributaire de la bonne utilisation par l’opérateur. Il est bien souvent fondé sur un modèle qui par définition est une simplification de la réalité, et qui se base donc sur des hypothèses simplificatrices.  Mr Box (1987)2 écrivait : « Tous les modèles sont faux, certains sont utiles », et en effet cette limite ne doit pas contraindre l’usage de modèles, mais doit entraîner des précautions supplémentaires. Les limites des modèles (et plus généralement des outils) doivent donc être rendues compréhensibles pour tous afin de prévenir l’opérateur de mauvaises manipulations et d’accroitre sa vigilance lors de l’interprétation des résultats. Les limites des outils sont aussi variables en fonctions des modèles sur lesquels ils se fondent, et cette diversité intensifie la confusion et la difficulté d’utilisation par des opérateurs non spécialistes.

Enfin, une autre limite réside en l’évolution rapide des connaissances qui sont dès lors difficiles à suivre pour des forestiers non spécialisés dans l’adaptation des forêts au changement climatique. L’émergence d’une spécialisation au sein des structures par la mise en place de référents, ainsi que la mise en commun des expertises via des réseaux d’expertises permet de pallier certaines de ces limites. Enfin, la formation des opérateurs aux outils reste un processus indispensable.

Plusieurs outils sylvoclimatiques sont déjà disponibles ou en cours de développement. Le RMT AFORCE soutien un projet piloté par AgroParisTech afin d’effectuer une cartographie des différents modèles sylvoclimatiques utilisables en France métropolitaine. Intitulé ModAdapt, ce projet analysera les différents modèles dans leur conception et leurs sorties. Il permettra d’orienter les utilisateurs en fonction de leurs besoins et d’identifier les développements utiles pour améliorer l’offre.


Références

[1] Allenvi, 2014. Mise en œuvre de la stratégie scientifique de développement des services climatiques. >>>>

[2] BOX G. & DRAPER N., 1987. Empirical model-building and response surfaces. John Wiley & Sons.